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31 décembre 2024 2 31 /12 /décembre /2024 09:02

Grâce à mon histoire du patrimoine végétal de la ville d'Yvetot en cours, 

on connait désormais Yvetot, la cité des ifs,

Yvetot, la cité des pommiers et des pépiniers

 

mais aussi Yvetot, grâce à L.A. Beaucousin, J. Delamare, L. Abensur, D. Clatot et L. Lapert et R. Couasnon :

la cité meurtrie par la guerre, la cité des manufactures, des imprimeurs, des rois et princes.

 

 

Il faut souligner en avant-propos qu'avant l'apparition des innombrables jardins accessibles au plus grand nombre à la fin du 19e et surtout en 1914,  les jardins et potagers se dissimulaient derrières les maisons de rue comme on peut le lire dans "Yvetot au fil des patrimoines" (2013) 

"Derrière les façades de briques ou de colombages, le bord des rues ou des routes, rien ne laisse présager l'existanece de cours intérieures. Néanmoins, les anciens cadastres dévoilent l'existence de "fermes de subsistance" au coeur de la ville.

Elles comportent, pour les plus grandes d'entre elles : un potager, un verger, utile à la fabrication du cidre, et les bâtiments dispersés, destinés à accueillir le bétail, la bergerie et le poulailler. Vestiges d'une époque durant laquelle la campagne imprègne la ville, on croise ça et là, quelques pommiers faisant anciennement partie d'un alignement plus conséquent, ou des murs de clôture ceignant les jardins. Ce sont les dernières traces d'une organisqation agricole de la ville. Durant les deux dernières décennies, la construction de résidences ou de lotissements a réduit le nombre de ces cours intérieures, havres de paix au coeur d'Yvetot."

 

 

C'est pourquoi je vous propose aujourd'hui de vous conter

Yvetot, la cité des jardins

Yvetot Cité-Jardins

"Théâtre d'Agriculture Urbaine"

(1000 parcelles en 1947),

objet de cette recherche sur le patrimoine végétal de la ville d'Yvetot dont l'arrière des maisons vous sera conté prochainement dans un chapitre consacré à ce théâtre d'agriculture urbaine qu'a fait décrire en son temps Martin du Bellay en 1566 dans le terrier de sa principauté d'Yvetot.

Pascal Levaillant,

membre de la Société Centrale d'Agriculture depuis 2022, membre de Faire vivre le manoir du Fay depuis 2020, membre des vergers de Bremontier-Merval, du Vallon...

 

 

 

Localisation en 1947 des jardins privés, ouvriers et familiaux sur un fonds de carte de la ville (1898)

ADSM 76

De même la plupart des vergers se trouvaient en périphérie de la ville dans les cours, closages et masures.

quelques vergers subsistent chez les privés dont un des plus anciens de la ville  qui voisinne avec le Tennis Club coté du Court couvert...

 

Côté jardins et potagers, c'est sans compter de tous les jardins en arrière des façades des rues (Thiers, Etang, Calvaire, Bellanger, Carnot, Chouquettes, Niatel, mare Bridelle, Briqueterie ....) où se nichaient potagers et micros-vergers

Dans ce quartier Clos des Parts  en dehors de la "Pépinière" quelques lopins  de terre étaient loués à deux pas, Sente des Courses,  en majorité aux gendarmes d’Yvetot. Ces jardins étaient situés,  côté droit en remontant la sente des Courses à peu près au trois quart avant la longère où habitaient les Fessard et Mme Jousset-Lamontagne (mes aînés, petits, appelaient cette femme « la dame aux chats » car dans son enclos,  elle en possédait une bonne dizaine) non loin où j’habitais encore  la sente au 2bis de 1988 à 1998.

D'autres contenus vont bien sûr venir étoffer cet article.

Remerciements à Marc Benoist, M. Hauchard, la famille Hétru et Lemonnier pour la transmission d'archives depuis 2019.

 

Crédit photo Siméon Levaillant, 2006

Remerciement spécial à mon fils Siméon Levaillant, photographe professionnel  pour cette prise de vue dans les jardins ouvriers et familiaux  à Yvetot en 2006 à Yvetot en vue d'une exposition à Yvetot  en 2006-2007 : "Du théatre sans représentation" exposition montée par le Théâtre en Face dont j'ai été cofondateur en 1978 (Théâtre du Perce-Neige) et 1983 associativement Théâtre en Face.

Acteur-jardinier - Dominique Dehays, rue des Fonds Yvetot, avec son aimable autorisation.

 

 

ai"Denis Hauchard, président des Jardins Ouvriers et Familiaux, est inquiet pour l'avenir de la parcelle rue des Champs. Lui et les jardiniers craignent devoir quitter ce lieu, exploité depuis 63 ans" in : Le Courrier Cauchois du 20 12 2024

Intrigué par cette affaire relayée dans la presse locale je rencontre quelques jours après Denis Hauchard qui m'explique la situation et le contexte.


Stupéfaction !


Dans l'histoire du patrimoine végétal de la Ville d'Yvetot, j'avais prévu en temps et en heure de consacrer un grand chapitre aux jardins familiaux de la ville et des autres jardins privés qui en 1947 approchaient le millier de parcelles en périphérie de la ville.

Près de 400 parcelles par les JOF yvetotais et 600 parcelles sur des terrains privés de la rue Clos des Parts, à la route de Caudebec en passant par celles de la route de Doudeville...
C'étaient des jardins gérés et entretenus par les salariés des entreprises (entreprise Couturier, de la Gendarmerie (sente des courses), de la SNCF (le long de la voie ferrée) et d'autres loués par des privés comme ceux qui donnèrent place à la Compagnie Hangar route de Caudebec et la "pépinière" dans laquelle le père d'Annie Ernaux louait deux parcelles aux sœurs Valentin, rue Clos des Parts.

 

Alors à l'heure de la désartificialisation, du développement durable, de l'économie circulaire, sociale et solidaire, à  l'heure de l'écologie urbaine, de l'agriculture urbaine,  des circuits courts et de "la Terre à l'Assiette" :  Yvetot et sa Communauté de Communes  Y.N. semblent plus attirés à rogner sur des parcelles de jardiniers  au profit d'un projet de rond-point...! comme le font remarquer les jardiniers dans  l'article du 3 janvier 2025, dernière édition du Courrier Cauchois faisant suite à l'article du 20 décembre 2024.

ALORS sur un air de Nino Ferrer et de "la maison près de la fontaine"

 

"Les jardins près de la Moutardière
Couverts de légumes et de fleurs en été
Sentent bon l'compost, l''terreau et  l'humus,

L'histoire d' Yvetot et de sa postérité

Dedans il y a d'la biodiversité
Les jardiniers y sont du lundi au dimanche 
Arrosent les légumes de leurs potagers
Et leurs oripeaux écartent les oiseaux

Les jardins, près du château d'eau
Pourraient faire place à un rond-point
Qui ferait tache, bitume et Nature Morte
Sur l'hôtel du Progrés

C' n'est pas terrible !
C' n'est pas normal !
Est-c'la le progrès?"

 
 
 
P.L.2025

Moralité de la fable avec la rime :

en deux mille vingt-cinq,

qui trinque?

 


 

ant

Les premiers jardins non privés furent des jardins scolaires

 

1863, Fondation de la  Société d’horticulture de l’Arrondissement d’Yvetot.


Naissance des jardins scolaires. 

 

Le patrimoine  s’enrichit d’une nouvelle société dédiée à l’horticulture créée le 9 décembre 1863.

« Ayant pour objet l’horticulture, prise dans son acception la plus large et la plus générale : la taille des arbres, la culture maraîchère, la floriculture, la Société propage les espèces utiles, indigènes ou exotiques, et importe dans l’arrondissement les outils et les instruments perfectionnés.
Il est délivré aux instituteurs, admis à titre gratuit, des graines potagères ou des fleurs et quelques sujets d’arbres fruitiers, à la condition toutefois qu’ils justifieront des résultats obtenus.
Des jardins scolaires sont créés. Chaque élève du pensionnat d’Yvetot a la charge d’un petit jardinet.

L’enfant cultive à sa façon, rassemblant dans cet espace restreint, un ou deux sujets des plantes les plus utiles, et les classe par famille. Tous les ans, après un concours, la Société d’horticulture décerne des récompenses aux plus méritants. Ces jardins scolaires sont déjà imités dans plusieurs écoles rurales.


Un cours public et mensuel d’arboriculture fruitière est professé par M.Vilaire, au jardin de l’école-pensionnat d’Yvetot. La Société étudie par analyse et la culture, les meilleures variétés de fruits et les propage, notamment les pommes à cidre.»
 

  In : Bulletin de liaison du « Cercle d’Etudes  du Patrimoine Cauchois », Michel Traversat, la Gazette du patrimoine cauchois, n°  3 – 2ème Semestre 1994, p.8. et 5– 2ème Semestre 1995, p.21-22.

Voici l'histoire contemporaine d'Yvetot,

la Cité-Jardins

110 ans  déjà...

et voilà que dès 2025 des parcelles des JOF se voient demain menacées !!!

C'est bien dans le Nord que l'on a vu naître et se créer les jardins ouvriers qui, au fil du temps, sont devenus jardins ouvriers et familiaux et plus spécifiquement à Hazebrouck grâce à l'abbé Lemire en 1896.

L'abbé Lemire, Maire et député de sa ville Hazebrouck.

A la Chambre des députés il a cotoyé Ferdinand Lechevallier, maire et député d'Yvetot à la même époque.

Ferdinand Lechevallier a commencé à encourager la pratique du jardin et du potager  dès qu'il a pu l'organiser à Yvetot, lui-même Président de la Société Pratique d'Horticulture  de l'arrondissement d'Yvetot créée en 1863.

Les  talentueux pépiniéristes yvetotais y contribuaient comme Legrand, Dieppois, Mail, Acher, Valentin...

De leurs idées progressistes est née une amitié qui conduira  l'abbé Lemire à remettre l'extrème onction à son ami député Lechevallier à  Paris en 1905 losque celui y décéda subitement.

L'abbé Lemire a fondé  la « Ligue du coin de terre et du foyer ». Pour lui, « la terre est le moyen, la famille, le but ». La ligue qu’il a instituée a été reconnue d’utilité publique dès 1909.

En 1921 la « Ligue du coin de terre » devient la « Fédération nationale des jardins ouvriers de France ». La loi votée en janvier 1933 à l’initiative de Robert Thoumyre, vice-président de la ligue, favorise l’achat de terrains par l’accès aux prêts des jardins ouvriers. La loi du 7 mai 1946 constitue le véritable code des jardins ouvriers.

En 1952, le terme de « jardins ouvriers » est abandonné et la structure nationale devient la « Fédération nationale des jardins familiaux ».

En 1930, le principe d’une fédération départementale est mis en place et les statuts sont déposés.

La Seconde Guerre renforce le rôle de la fédération. Elle compte jusqu’à 200 groupements adhérents. À la fin du conflit le nombre de jardiniers diminue fortement. En 1949, la fédération départementale ne compte plus que 50 groupements. Une loi de novembre 1976 va favoriser le renouveau des jardins ouvriers.

Les jardins, une tradition ancienne des politiques d’intérêt général


La création des premiers jardins ouvriers par l’abbé Volpette à St Etienne en 1894, puis repris et très largement amplifiée par l’abbé Lemire à partir de 1896 était déjà une réponse sociale à une crise sanitaire cette fois ci, mais aussi économique. L’abbé Lemire (Cf. l’article du dossier « Un notaire et un prêtre à l’origine des jardins ouvriers et familiaux »poursuivait plusieurs objectifs au travers de ces jardins ouvriers. Ils donnaient l’accès à un air sain, au moins le dimanche, aux familles d’ouvriers vivant dans des taudis humides contaminés par la tuberculose. Ils amélioraient l’apport alimentaire. Une des intentions était «d’éduquer » les ouvriers pour qu’ils acquièrent des pratiques de « petits propriétaires », mais aussi, qu’ils évitent de fréquenter les bistrots. Il s’agissait de contribuer à la lutte contre l’alcoolisme, mais surtout d’atténuer la « contamination » des ouvriers par les idées modernes du syndicalisme ou du communisme. L’abbé Lemire, Député de la Nation, siégeait à gauche de l'assemblée certes, mais restait abbé….
 
Un complément de salaire


Ces jardins pouvaient voir le jour au côté des usines, non seulement grâce à la persuasion de ce personnage hors du commun, mais aussi à la contribution du patronat éclairé : c’est lui qui fournissait les terrains. Bien souvent, les « dames » patronnesses participaient à la gestion de ces jardins dans le cadre de démarche d’éducation populaire, tels des cours de tricot ou d’hygiène corporelle. Ces jardins permettaient de compléter les salaires des ouvriers sans apport numéraire supplémentaire. De plus, en maintenant les ouvriers sur place, les jardins facilitaient le regroupement familial. En ce temps, les ouvriers étaient souvent jeunes et célibataires. Ils prenaient facilement leur lundi à l’improviste pour aider leurs familles aux champs ou simplement retrouver leur dulcinée au village d’origine. Les jardins contribuaient donc à une bonne « gestion » de l’usine d’à côté.
 
in : https://www.jardinsdefrance.org/les-jardins-partages/

 

Les Jardins ouvriers

L'oeuvre des jardins ouvriers est peut-être la plus intéressante des oeuvres que peut créer la philanthropie. Elle est d'autant plus intéressante qu'elle est plus facile et moins coûteuse. Elle est, pour ainsi dire, gratuite. On loue un champ assez vaste que l'on divise en modestes fractions, dont on demande un prix de location proportionnel au prix du loyer total. Et si l'on veut aller plus loin, et donner à des malheureux la jouissance gratuite de ces lambeaux de terre, on se trouve décupler son aumône ; car cette aumône, confiée à la terre nourricière, fructifie rapidement.

In : Manuel pratique d'économie sociale : guide pour la formation et l'organisation de syndicats agricoles, associations, syndicats professionnels, sociétés coopératives (consommation, crédit, production), jardins ouvriers... / Léon de Seilhac, 1904
 

 

 

L'abbé Lemire - Jules Lemire fut un homme politique avant-gardiste. Il a défendu pour que les femmes ayant accouché puissent bénéficier d'une période de repos avant de reprtendre le travail ; pour qu'un ministère du travail  soit créé ; pour que la durée du travail hebdomadaire soit réduite ; pour que la journée de repos hebdomadaire se généralise ; pour que l'on interdise le travail de nuit des enfants ; pour que la peine de mort soit abolie... et pour que l'ouvrier bénéficie d'un logement décent et d'un coin de terre. 

In,  la brochure : L'abbé Lemire (1853-1928), témoin de la Gande-Guerre raconte [Malvache, Hazebrouck, 2018]

 

 

Dans les pas de l'abbé Lemire

 

Ferdinand Lechevallier 

 

Député Maire d'Yvetot entre 1871 et 1905

Président de la Société Pratique d'Horticulture  de l'arrondissement d'Yvetot

 

Il fut cet ancien maire et député d'Yvetot, né à Bolbec en 1840 et qui mourut à Paris au palais-Bourbon le 26 janvier 1905. Il fut d'abord conseiller municipal le 30 avril 1871 et industriel rue du Couvent puis maire en 1876 et député en 1881 jusqu'à sa mort (1905), soit 29 ans à la mairie d'Yvetot ce qui lui permit de lier amitié avec l'abbé Lemire, député d'Hazebrouck.

Je connais bien cette ville et le Musée de l'abbé Lemire à Hazebrouck car j'ai exposé à cinq reprises à la biennale de mosaiquenenord entre 2011 et 2020.

Ferdinand Lechevallier est député de Seine-Maritime de 1881 à 1905, siégeant chez les Républicains progressistes. Il est président et rapporteur de la commission de la comptabilité de 1895 à 1898, et questeur de la Chambre en 1898-1899 et de 1903 à 1905. Il est président fondateur de la Société de prévoyance mutuelle d'Yvetot.

Ferdinand Lechevallier œuvra pour la Société Pratique d'Horticulture de l'arrondissement d'Yvetot au temps de Hauchecorne, Legrand, Valentin, Mail, Dieppois, Varin célèbres pépiniers et horticulteurs.
Les premiers jardins sont à situer sur cette période même si leur rôle a été accentué grâce à Robert Lemonnier après la mort de M. Lechevallier (1905) mais en 1914 et développés en jardins ouvriers et familiaux par R. Lemonnier et Maurice Hétru (Après la seconde guerre mondiale).


Dans son portrait dépeint par Louis Lapert, journaliste et historien dans un article du Courrier Cauchois du 18 février 1978, il raconte ce fait qui explique bien des choses à propos des jardins ouvriers et familiaux impulsés à Yvetot grâce à Ferdinand Lechevalier en lien avec l'action de M. Lemonnier père et fils en 1914

En effet je cite : Le 27 janvier 1905, pris d'un malaise qui devait l'emporter peu après dans les couloirs du Palais-Bourbon, M. Lechevallier fit appeler un de ses collègues, l'abbé Lemire, député d'Hazebrouck, dont il reçut "les suprêmes consolations"
Ce premier fait qui parait anecdotique indique une amitié entre lui et L'abbé Lemire, le créateur des jardins familiaux : "Il fonde en 1896 la ligue du Coin de Terre et du Foyer qui a pour mission la mise en place des Jardins ouvriers". in : https://www.ville-hazebrouck.fr/decouvrir-hazebrouck/patrimoine/la-maison-musee-de-labbe-lemire/."


Ainsi sur cet héritage, sur cette amitié citoyenne en faveur des ouvriers, les jardins ouvriers sont nés.

Brève biographie réalisée par Pascal Levaillant 2024
 

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Dans les pas de l'abbé Lemire

 

Robert Lemonnier, l'artisan créateur des premiers jardins ouvriers en 1914 à Yvetot


Le 16 mai 1970 a été publié au « Journal Officiel » la nomination au grade de chevalier dans l’ordre national du Mérite attribué à Robert Lemonnier pour « 55 ans d’activités sociales » par le décret du 14 mai 1970. Il l’apprit à la réception du courrier de M. Albin Chalandon, ministre de l’équipement et du logement.
Interviewé par le Courrier Cauchois, Robert Lemonnier déclara :
« 55 ans c'est peut-être un peu trop long […] car je suis né en 1893 et mes services à l'âge de 21 ans étaient tout de même assez modestes ; je m'occupais pourtant de la société d'horticulture et des jardins ouvriers"
Il a présidé durant 20 ans la société des H.L.M. D’Yvetot durant laquelle Yvetot lui doit une forte augmentation de sa population ; il fut secrétaire du Conseil d’administration de la société H.L.M. de la Seine Maritime. Il sera encore pendant plus d’une décennie président-fondateur du Comité du logement d’Yvetot et de sa région. Il fut également président de la Caisse d’Epargne et de Prévoyance d’Yvetot et membre du conseil d’administration de l’union des Caisses d’Epargne du Nord-Ouest. Il fut aussi membre du Conseil d’Administration de la société de crédit immobilier rural du département et président du Centre ménager des Dames-Blanches d’Yvetot. 
Auparavant en avril 1958, il avait reçu la rosette du Mérite social et la médaille de Vermeil de la Croix-Rouge.
Marié, il eut 9 enfants et 22 petits-enfants ce que le journal souligna dans cet article.
Parallèlement à ses « fauteuils » il présida près de quarante ans (35 ans en 1970) le Comité de la Croix-Rouge d’Yvetot. Il a participé aux secours de 40 militaires allemands et alliés abandonnés à leur sort à Yvetot à la Libération.
in : le Courrier Cauchois du 23 mai 1970
Brève biographie réalisée par Pascal Levaillant 2024

Complément biographique  :

 

Robert Lemonnier 1893- 1973


Robert Lemonnier amateur des arts a voué sa vie aux activités sociales, au service de sa ville. Il avait aussi le goût pour la botanique cultivé jeune, rue du Calvaire.
Robert Lemonnier est né le 19 octobre 1893 à Yvetot, rue du Calvaire. Son père était entrepreneur de travaux publics. 


Le 16 mai 1970 a été publié au « Journal Officiel » la nomination  au grade  de chevalier dans l’ordre national du Mérite attribué à Robert Lemonnier pour « 55 ans  d’activités sociales » par le décret du 14 mai 1970. Il l’apprit à la réception du courrier de M. Albin Chalandon, ministre de l’équipement et du logement.


Interviewé par  le Courrier Cauchois, Robert Lemonnier  déclara : « 55 ans c'est peut-être un peu trop long […] car je suis né en 1893 et mes services à l'âge de 21 ans étaient tout de même assez modestes; je m'occupais pourtant de la société d'horticulture et des jardins ouvriers"
Il est entré dans la « maison d’Yvetot » dans la classe enfantine de la « Sœur Dominique » pour n’en sortir qu’à la fermeture autoritaire d’août 1908.  » « Il termina ses études  secondaires à l’institution Saint-Joseph du Havre
Durant sa jeunesse il habitait rue de la République en face des Lefresnes qui possédait une belle propriété avec pelouses,  avec surtout cultures florales et potagères modèles. Ce voisin  amateur de botanique « initia  tant et si bien le jeune Robert, doué pour tous les arts, que cela se sût et valu au jeune clerc de notaire sa première Présidence à la tête de la Fondation des Jardins ouvriers, fondé à sa diligence  ».  Sa passion pour les rosiers reste dans les esprits de ses petits-enfants car Annick Nion, une de ses petites filles se rappelle de son talent pour greffer les rosiers. Robert Lemonnier qui avait le plaisir des arbres, des parcs et des fleurs dit un jour : « une rose d’automne est plus qu’une autre exquise » 
Dans le cadre de ses études à la Faculté de Droit de Paris, il fit son stage réglementaire à l’Etude de M. Achille Legrand. Il finit ses études en 1914 après avoir obtenu brillamment  sa licence. Destiné à être notaire le destin en décida autrement car il succéda a son beau-père, M. Rimbert avoué en 1921. Il transmit cette charge à son fils Jacques Lemonnier en 1949.
Il a donc commencé sa carrière comme Avoué au Tribunal Civil d’Yvetot au début des années 1920. 


Il fut conseiller municipal de 1935 à 1943.


Il a présidé durant 20 ans la société des H.L.M. D’Yvetot  durant laquelle Yvetot lui doit une forte augmentation de sa population ; il s’occupa des mal-logés : la Cité de l’Abbé Pierre fut sa première réalisation bien modeste en 1954. Il accompagnera le projet de création  des logements des Béguinages qui permirent aux personnes âgées de bénéficier du bien-être dans la sécurité . Il fut secrétaire du Conseil d’administration de la société H.L.M. de la Seine Maritime. Il sera encore pendant plus d’une décennie président-fondateur du Comité du logement d’Yvetot et de sa région. Il fut également président de la Caisse d’Epargne et de Prévoyance d’Yvetot  et membre du conseil d’administration de l’union des Caisses d’Epargne du Nord-Ouest. Il fut aussi membre du Conseil d’Administration de la société de crédit immobilier rural du département et président du Centre ménager des Dames-Blanches d’Yvetot, il fut membre du Conseil d’Administration du Centre de Rééducation Arcaux de Bois-Himont. 
Auparavant en avril 1958,  il avait reçu la rosette du Mérite social et la médaille de Vermeil de la Croix-Rouge.
Marié, il eut 9 enfants et 31  petits-enfants.
Parallèlement à ses  « fauteuils » il présida près de quarante ans (35 ans en 1970)  le Comité de la Croix-Rouge d’Yvetot. Il a participé aux secours de 40 militaires allemands et alliés abandonnés à leur sort à Yvetot à la Libération.
in : le Courrier Cauchois du 23 mai 1970

 

Rédaction Pascal Levaillant 2019-2024
 

Aux Jardins Ouvriers et Familiaux d’Yvetot depuis 1944 des yvetotais s’adonnent au jardinage

Yvetot 1944 :   


Naissance de M. Marc Benoist  
et

Création des Jardins Familiaux à Yvetot.

Les Jardins Familiaux d’Yvetot sont créés   alors qu’il existait auparavant d’autres jardins privés loués à des particuliers  à deux endroits d’Yvetot dont les terrains des sœurs Valentin et de M. His et sur le terrain actuel des cars Hangard, rue Ferdinand Lechevallier.


C’est à l’initiative de Maître Lemonnier, Avoué que ces jardins ont été créés,  rue des Fonds sur une première bande à l’emplacement du local actuel. Puis au fil du temps d’autres parcelles ont été attribuées  en prolongement de la première bande  et sur d’autres terrains rue du Champ de Courses et rue Rodin sur des terres agricoles acquises par la Ville et cédée en gestion à une association des jardins familiaux que préside M. Marc Benoist depuis 1983.


Quant aux jardins de la rue des Champs, ils sont  gérés par l’association toutefois ils appartiennent à l’Hôpital Local Asselin-Hédelin d’Yvetot.


L’association gère 400 parcelles sur ces quatre terrains, elle les loue aux propriétaires  (Ville d’Yvetot et l’Hôpital Local d’Yvetot) et les loue aux particuliers désireux de cultiver  une parcelle de 100 m2 et qui en avait la nécessité.


L’association compte aujourd’hui 190 adhérents. Quand on parle des jardins familiaux, ils sont associés à des jardins ouvriers car ils ont été créés  afin d’augmenter à cette époque en 1944 leur surface de production de légumes, eux-mêmes n’ayant pas des terrains suffisants.
L’association des jardins familiaux est sous l’autorité administrative et juridique du Ministère de l’Agriculture car ils sont considérés avant tout comme des jardins agricoles, à contrario des jardins partagés relavant d’une politique d’aménagement de la ville et des quartiers « où tout le monde cultive et se sert à sa guise » limite et différence soulignée par M. Marc Benoist, trésorier de la Fédération Départementale des jardins Familiaux de Seine-Maritime.
 
Aux jardins familiaux depuis 1944 à l’apparition du motoculteur le travail au jardin se faisait essentiellement à la bèche, à la fourche plate, l’entretien des parcelles se faisait au croc, à la binette et à la bataille (à plusieurs dents) aidant au sarclage et contribuant au maintien de l’humidité de la terre. On dit ici qu’un  bon sarclage vaut mieux qu’un arrosage. Le sarclage était effectué tous les deux jours ce qui permettait d’obtenir un jardin impeccable et propre.
La devise des Jardins Familiaux est de maintenir la propreté du jardin.
 
Cette époque ce fut la meilleure période pour ces jardins me confie Marc Benoist.
L’avènement du motoculteur et du brabant changea et modifia les pratiques, les usages et l’environnement et l’harmonie des jardins.
Travailler au jardin pour la plupart des jardiniers-ouvriers était exigeant et rude cependant c’est l’harmonie qui était à l’œuvre, l’échange, la solidarité entre copains et amis : le territoire des hommes. Aujourd’hui et récemment les femmes occupent des parcelles qu’elles entretiennent à la perfection.
Les ennemies du jardinier sont et restent : le liseron, la queue de rat, la poule grasse, l'ortie, le chardon, la dogue.
On y cultivait à cette époque entre 1944 et 1970 des oignons, des échalotes, des poireaux, des carottes, des endives, des épinards, de la mâche, des salades d’hiver, des salades d’été, des petit-pois, des blettes, du rutabaga, du pissenlit, des courges, des tomates, des pommes de terre (la Binche), des betteraves longues et rondes, de l’oseille, des radis gris et de saison.


La vie  et l’organisation aux jardins Familiaux


Sur chaque parcelle se sont érigés des cabanes de fortune fabriquées et montées avec des matériaux de récupération. L’eau fut installée au commencement des jardins, plusieurs points d’eau (bornes)  étaient à disposition des jardiniers. La seule restriction imposait le seul usage de l’arrosoir, le jet d’eau était proscrit ce qui en encore le cas aujourd’hui. Depuis plusieurs années chaque abri de jardin  a donné un prolongement aux premières cabanes de fortune qui sont désormais toutes équipées d’une cuve de 100 litres adossée à l’abri de jardin.


Il existait une zone de dépôt des déchets et des fanes des légumes qui étaient enlevés une fois par mois. Les jardiniers n’avaient pas recours au compostage à cette période.
Le seul apport était l’engrais et surtout le fumier provenant d’exploitations agricoles (fumier de vache et de cheval).


La bouse de vache servait aussi à fabriquer un substrat mélangé avec de l’eau dans un seau où était déposée la porette avant d’être plantée en terre.
Dorénavant c’est le purin d’orties qui devient un engrais très utilisé.


Aujourd’hui les jardiniers n'introduisent plus ni  engrais chimique ni produit phytosanitaire.


Dès le début des jardins familiaux, les fleurs ont été semées ou repiquées et le sont davantage aujourd’hui. En effet les jardinières incorporent les fleurs dans leurs parcelles.
De même, les  fruitiers s'invitent de plus en plus au jardin.
Deux  ruches ont été installées   rue des Fonds car l’apport des fleurs et des parcelles inutilisées semées de gazon fleuri permettent l’activité des abeilles sur un des sites pour la production de miel.


Ce phénomène floral est accentué par la présence des jardinières qui intègrent au jardin leurs fleurs semées ou repiquées.


Evoquant la permaculture, elle n’est pas développée dans ces jardins pour l’instant.
Certains jardiniers avaient des fins de journée difficile, certains dormaient dans leur cabanon ce qui n'est plus courant aujourd'hui : en effet certains jardiniers dissimulaient quelques bouteilles de vin ou de cidre sous les pieds de rhubarbe. Les jardins étaient à cette époque le royaume des hommes, les femmes n'y mettaient pas les pieds. Désormais hommes et femmes partagent le jardin, c'est même devenu un espace intergénérationnel.

Marc Benoist a trouvé un successeur en 2024 : M. Hauchard

 

Jardins rue du Champs de Courses 2019

Jardins rue Rodin de Courses 2019

Jardins rue des Fonds 2019

Jardins rue des Champs 2019

En 1985, l'Ecole Jean Prévost avait sa parcelle, rue des Fonds


Les jardins Ouvriers et  familiaux  en quelques dates :

 

1916

Le Réveil d'Yvetot les 17-20 mai 1916, pages d'Yvetot

 

 

En juin 1917, distribution gratuite de graines,  REVEIL D'YVETOT

 

En 1920 : communiqué de Robert Lemonnier, secrétaire de la société Cauchoise d'Horticulture  à l'adresse de 120 rue du Calvaire comme l'indique l'archive ci-dessous

 

 

1920

Lors de l'assemblée générale de la société cauchoise d'encouragement de l'horticulture qui s'est tenue dans l'ancienne institution ecclesiastique d'Yvetot, M Lemonnier secrétaire de la Société  relate la visite des cultures  aux côtés de M. Mail, Vice-président de la Société Cauchoise et de son président Rimbert,  dont l'assemnblée fut présidée par le Maire et conseiller Général M. Bocheux,  le 17-20 novembre 1920 :  Le Reveil d'Yvetot relate

les prix  du concours remis aux jardiniers ouvriers d'Yvetot 

dont le 1er prix à M. Lami  rue du Champ de Courses ; 2e prix à M Parmentier, rue Clos du Manoir ; 3e prix à M. Desmoulins, rue Thiers ; 4e prix remis à M. Langlois, rue des Chouquettes, tous d'Yvetot acteurs exposants des fruits et légumes à l'exposition des jardins ouvriers de l'année 1920.

Pour les fruits à cidre le 1er prix fut remis à M. Gueroult chef de culture chez Mme Legrand à Yvetot pour sa plus belle collection de pommes, dont il exposait plus de 60 variétés. Ses légumes lui méritèrent le maximum de points de félicitations du jury.

 

 

ROBERT LEMONNIER - Concours de jardins ouvriers - Réveil d'Yvetot 8 juillet 1922

 

Pour se remémorer  la piste du créateur  des jardins, Robert Lemonnier, je la dois à  l'information  transmise par René Gilles en 2019, qui m'avait indiqué qu'on devait les jardins ouvriers  d'Yvetot à Robert Lemonnier et  par la suite à Raymond Hétru aux alentours des années 1941 : Cette information m'a encouragé à chercher les preuves dans la presse ou les annuaires pouvant restituer l'époque. 

 

Lechevallier Ferdinand                          22 février 1881- 15 mai 1904
Lhermitte Emmanuel                        15 mai 1904- 16 mai 1908
Bocheux Eugène Charles                16 mai 1908-17 mai 1925
Rimbert Charles                                17 mai 1925- 17 mai 1929
Richard Marcel                                   17 mai 1929- 29 mai 1943

Délégation spéciale sous la présidence de M. Orcel  29 mai 1943- mai 1945

Richard Marcel                                 19 mai 1945- 9 mai 1953
François Jean                                        9 mai 1953- 20 mars 1959
Bobée Pierre                               20 mars 1959-1995
Décultot Philippe        1995-2008
Canu  Emile           2008-2022

Francis Alabert 2022- 
 


1943 /  Les statuts sont déposée en préfecture par Robert Lemonnier
Naissance des jardins familiaux sur l'impulsion de M. Lemonnier le 17 janvier 1944.
À la fin du XIXème siècle, l'abbé Lemire crée les Jardins Familiaux afin de permettre aux familles de subvenir à leurs besoins pour leur permettre de cultiver des légumes et fleurs, pour y passer du bon temps, pour y fréquenter des copains non loin de chez eux, non loin de leur maison, non loin de leur appartement.
Jean-Louis fut l'un des premiers jardiniers à Yvetot qui au fil du temps arriva à entretenir 3 parcelles rue des Champs. Il avait 23 ans quand il a pris un jardin en 1944. Il faisait pousser poireaux, petits pois, haricots verts et pommes de terre.

En 1944, M. Horcel, nommé représentant de la ville par Vichy en 1943.

Le Docteur Richard  qui avait quitté la fonction en 43 et l’a reprise de 1945 à 1953.

Entre 1945 et 1970, Raymond Hétru reprend après Robert Lemonnier occupé à la reconstruction d'Yvetot pendant plusieurs décennies aux côté de M. Richard, M. François et M. Bobée.

 

1962  AUX JARDINS FAMILIAUX, Rue des Champs

CC du 10 février 1962

 

 

 

 

M. Raymond Hétru en 1965 dans son jardin, rue de l'Union

RAYMOND HETRU  28 3 1965 aux JARDINS O F

Le Député Constant Lecoeur

remettra la Croix de Chevalier du Mérite Agricole à M. Raymond Hétru,

avec l'aimable autotisation de Didier Clatot (2017)

in : «Jean Hétru, 50 ans de manifestations à Yvetot et ses environs.»

Raymond Hetru


Artisan créateur avec Robert Lemonnier des jardins familiaux

"Raymond Hétru fut une grande figure locale bien avant son fils Jean.
Il a contribué  activement à la vie locale. Le père de jean avait travaillé à la Cordonnerie Delaunay à Yvetot. Durant la seconde guerre mondiale sa maison fut détruite suite aux multiples incendies qui ont frappé Yvetot. 
C’est surement dans ce contexte qu’il rejoignit Robert Lemonnier pour organiser les conditions de subsistance des yvetotais  par l’octroi de nouvelles parcelles de jardins à conquérir afin de leur  céder un lopin de terre pour y créer leur potager.
1941 : Naissance des jardins familiaux sur l'impulsion de M. Lemonnier et de Raymond Hétru  sur une première bande de terrain de la rue des Fonds. 
René Gilles a très bien connu Jean et son père Raymond, il  se souvient des fêtes et des fleurissements dans Yvetot : 
« Raymond Hétru a été président longtemps. Il faisait de très belles décorations en légumes à la st Fiacre à la chapelle paroissiale pour la messe ».
Le 26 mai 1946, Raymond Hétru en compagnie de sa femme participait à la Kermesse du Printemps devant un stand très fleuri.


Il fut membre des Jardins ouvriers puis Vice-Président avant de prendre la présidence tenue à cette époque par Robert  Lemonnier, jusqu’en 1963 date à laquelle il présenta sa démission.
Il reçut la Croix de Chevalier du Mérite Agricole par le député Constant Lecoeur en 1958 lors de la fête de la Saint-Fiacre, patron des jardiniers.
Raymond était attaché à la Saint-Fiacre. Saint-Fiacre fut un moine légendaire et modèle des jardiniers, dans le potager duquel les pauvres avaient le droit de se ravitailler. En somme son potager est l’ancêtre du « jardin partagé ».


Raymond Hétru aimait perpétuer cette tradition en offrant cette année 1958 les plus beaux légumes des jardins Ouvriers et Familiaux exposés lors de la cérémonie religieuse célébrée cette année-là  par l’abbé Carron, premier vicaire aux petites orphelines de la Miséricorde. A cette occasion l’autel fut décoré et orné par un amas de légumes sur lequel reposait une reproduction d’un baromètre géant (toujours au beau fixe, souligne le journaliste réalisé par MM.Jacques et Tétrel aidés par Mme Hétru.


A l’Hôtel de Ville,  après l’office, cette manifestation annuelle fut l’occasion  de remettre à Raymond Hétru, en dévouement de son œuvre sociale,  la Croix de Chevalier du Mérite Agricole entouré de son épouse et de ses deux petites-filles.  


En l’absence de Jean François H. Cahan officia la cérémonie à laquelle assistait MM.Constant Lecoeur, député  et conseiller général, le chanoine Delaune et les abbés Carron et Gaudray, les conseillers municipaux  Lebrun, Hurard,, Jourdain et Caron et m. Plot, vice-président et son épouse, M. Tétrel, vice-président, M. Levitre secrétaire et son épouse, M. F.Lecoeur, secrétaire adjoint, M.Jacques, trésorier, et les membres de l’association :  Varneville, Hautot, Lebourg ,  Caltot. 


Il fut remis à Mme Hétru associée à ces mérites, de magnifiques fleurs.
M Constant Lecoeur rappela le parcours de Raymond Hétru soulignant son inlassable dévouement.


Il reçut en cadeau un véritable baromètre par ses amis jardiniers.
Un repas s’en suivit à l’Hôtel du Chemin de Fer,  selon la tradition instaurée avant-guerre par la Société d’Horticulture que présida Robert Lemonnier."

Rédaction Pascal Levaillant 2019-2024
 

 

Années 1953 à 1959 : M. Jean François, minotier, maire d’Yvetot
En 1963, M. Pierre Bobée,  médecin  est le maire d'Yvetot.
                                                         M. Benoist entre aux jardins familiaux en 1963

1970  

CC - 23 mai 1970 Robert Lemonnier

 

M. Hétru donne sa démission après 25 ans de bons et loyaux services

 

1976

Lors de l'épisode  de la sécheresse  qui sévit partout en France y compris en Normandie, Yvetot et ses jardins Familiaux ne sont pas épargnés. M. Benoist déclarait dans la presse locale : "la terre est morte"
En effet la récolte fut maigre, les rendements faibles pour les haricots, poireaux, salades, carottes. Seuls les tomates, et les mêmes ont tiré  leur épingle du jeu ce que constateront rue des fonds M. Langlois et M. Benoist.
En 1976, M. Pierre Bobée, médecin  est le maire d'Yvetot.

 

 

1981 cette année M Garbe est Président ; M. Benoist, secrétaire

 

1983


Cette année-là,  M. Benoist succède  à M.Garbe.
Sont effectués à cette époque des travaux d'aménagement d'un local pour recevoir du matériel.
L'association sous la nouvelle présidence de M. Benoist à pour mot d'ordre : mettre à disposition des amoureux du jardin des parcelles de terrains qu'elle gère.

 

                           M. Langlois et M. Benoist constatent les effets de la secheresse en 1986

 

1988


L'association des jardins familiaux par la voix de son président Benoist alerte les adhérents sur le niveau d'entretien des parcelles quelques mal entretenues, sur la dégradation de quelques abris  de jardin, sur des vols de légumes  lors de l'Assemblée Générale. Il invita les adhérents au respect du règlement  afin que les jardins soient mieux entretenus.
 

En 1988, M. Pierre Bobée, médecin est le maire d'Yvetot
 

1994


Ce fut l'année du cinquantième anniversaire des jardins ouvriers et familiaux que préside à cette époque M. Benoist en présence de M. Pupin, président de Haute Normandie et le docteur Pierre Bobée, maire, conseiller général. L'association fut déclarée en préfecture par M. Lemonnier, avoué, fondateur de l'association en partenariat avec d’un côté la Ville d'Yvetot et d'autre part l'hôpital Local d'Yvetot.
Dans les années 90, M. Langlois déjà présent en 1976, s'occupait de la section "graines" et son action permit une augmentation de 30% d'adhérents. Faut-il le rappeler,  M. Langlois fut aussi à l'initiative de la renaissance du potager du Manoir du Fay A Yvetot.

 

 

En 1994, M. Pierre Bobée, médecin est le maire d'Yvetot.

2004


Le mercredi 8 septembre 2004 est publié un article dans le Paris-Normandie titrant :
"le bonheur est dans le potager" à l'occasion de la 47eme exposition et concours des jardins ouvriers et familiaux de Normandie où treize équipes ont été en lice dont une d'Yvetot à la salle du Vieux-moulin.
En 2002-2004, M. Philippe Decultot, médecin est maire d'Yvetot et Président de la CCYN

En 2008, M. Canu est maire d’Yvetot

 

De 2004 à  2014, M Leguay  est Président de la CCYN

en 2020 il ya eu même des lectures aux jardins familiaux

https://projets.normandielivre.fr/initiatives-bibliotheques-en-normandie/2020/04/20/yvetot-les-lectures-au-jardin/

"Les lectures dans le jardin ouvrier sont l’une des activités proposées dans le cadre de ce festival mais c’est la seule à être récurrente (sont également proposés des ateliers de construction d’hôtel à insectes et de nichoirs, de sauvetage d’animaux sauvages, la projection gratuite du documentaire Après Demain dans le cinéma de la ville).

Le succès ayant été au rendez-vous, et la parcelle du jardin ouvrier étant louée pour toute l’année, il a été décidé de reconduire les lectures au jardin avec un rendez-vous hebdomadaire pendant l’été."

Qu'est devenu ce projet de lectures aux jardins familiaux?

en 2022, M. Alabert remplace M. Canu, démissionnaire et M Charassier reste président de la CCYN (2014 à 2024)

M. Benoist, rue des Champs en 2019

en 2024 M. Denis Hauchard succède à M. Benoist

C'est donc  sous l'ère nouvelle du successeur de M. Canu, démissionnaire en 2022, et de l'actuel président de la CCYN qu'une menace pèse sur l'avenir des jardins familiaux  à propos d'un projet d'artificialisation (rond point) rue des Champs pouvant menacer  à court terme  un site complet avec 56 parcelles de jardins  de la rue des Champs (créés en 1943-1944 par Robert Lemonnier),  comme l'a indiqué le Courrier Cauchois  le 20 décembre dernier.

 

 

"Denis Hauchard, président des Jardins Ouvriers et Familiaux, est inquiet pour l'avenir de la parcelle rue des Champs. Il craint de devoir quitter ce lieu, exploité depuis 63 ans" In : le  Courrier Cauchois du 20 décembre 2024

Aujourd'hui M. Hauchard reprenant le flambeau d'une même voix avec  tous les jardiniers insiste sur les points suivants :

Le jardinage est la pratique et l'art de semer qui croise un besoin d'esthétisme et alimentaire. Jardiner répond au but d'embellir et entretenir un lieu : un jardin, un potager.

Jardiner c'est apprendre la patience, s'adapter à l'environnement, à la météo et à ses caprices.

Jardiner c'est du lien social, c'est maintenir un exercice physique pour la santé, c'est la production de légumes afin d'obtenir fraicheur et qualité gustative tout en respectant le sol, la nature du sol ; c'est venir chercher un moment de détente pour se ressourcer.

Aujourd'hui ce sont 355 parcelles sur 4 sites,  tient à souligner  Denis Hauchard.

Il faut s'écouter, respecter son environnement et veiller à respecter les espaces communs.

La richesse des parcelles entretenues depuis 1943 concoure à une terre  vivante, nourricière  où grouillent les vers de terre, les meilleurs amis du jardinier.

Le Courrier Cauchois 2021 - Denis Hauchard

Docs transmis par M. Hauchard

M. Hauchard ajoute :

 

"Nous avons mis en place un achat groupé de petites graines pour les jardiniers et c'est plus de 

1500 euros de graines qui ont été commandées!!

 

Un système de mail a été mis en place. Les jardiniers reçoivent toutes les semaines des informations conseils et préconisations

 

Ils posent aussi des questions de jardinage :  C'est plus de 8000 mails qui ont été envoyés.

 

L'association fourni des amendements de la chaux et du boschovos.

 

Les JOF vont installer des hôtels à insectes pour favoriser la biodiversité.

 

Pour l'hiver l'association facilite l'installation de couvert végétal (culture piège à nitrate) avec des plantes qui ameublissent le sol et augmente le taux de matière organique

Pour les jardins en attente les JOF implantent des cultures mellifère pour favoriser la pollinisation.

 

Un suivi régulier des parcelles est organisé avec de l'entraide pour les jardiniers absents pour cause de maladie.

Un système d'échange de plantes et de légumes en surplus est organisé."

 

Les jardins familiaux ou le " réflexe de survie "

En effet le jardin apporte la nourriture donc permet de s'alimenter et vivre tout simplement

 

Un public devenu très hétérogène: JOF jardins ouvriers et familiaux ce sont des jardins familiaux toutes catégories socio-professionnels de l'ouvrier au cadre supérieur en passant par l'employé de banque

Un public qui se féminise : ce n'est plus forcément le couple mais des femmes seules ou divorcées ou veuves qui prennent un jardin.

Un public écolo,  des citoyens qui veulent manger des produits de qualité et respecter l'environnement

Conclusion la société évolue les jardiniers aussi!!

 

 

J'ai contribué à faire diffuser à Yvetot ce film auquel Denis Hauchard a assisté

en septembre dernier

aux Arches Lumière, Yvetot

grâce à  Action Citoyenne Yvetot en présence des réalisateurs Guy et Dominique Chapouillié

Pour compléter votre information, je voulais rendre hommage à Maurice Leperchey, Denis Langlois et à Bernard Boullard, ces passeurs du vivant qui ont été en leur temps des passeurs de la transition écologique, parfois en avance sur leur temps mais dont les écrits restent et resteront...

 

Nature au crible,  Nuances d’humus, levées botaniques, Collectif Corblin-Levaillant, plasticiens-botanistes

a présenté en 2024 à Cahors

LE CHAI (auberge de jeunesse),  52, avenue André-Breton  Cahors  - 1er - 31 Mars 2024 

 


" La vie était revenue. […] 
Kevin s’empara de la bêche, fit quelques pas pour choisir le meilleur emplacement et se mit à creuser. La lame s’enfonça facilement dans le sol. La terre était noire et brillante. 
Elle dégageait une odeur de sous-bois capiteuse. Dans une des mottes qu’il dégageait, 
Kevin remarqua une belle troupe d’anéciques, grouillants et humides, en pleine forme. […]"
Humus, Gaspard Kœnig, 2023
________________________________________
Gaspard Kœnig, Humus, Editions de l’Observatoire / Humensis, Paris, 2023, p. 376-377.


Aux autrices, auteurs et aux experts : 
Bourguignon Claude et Lydia ; Boullard Bernard ; Christophe Jean-Damien ; Cauquelin Anne ; Clément Gilles; Ernaux Annie ; Feller Christian ; Goulfier Guylaine ; Jabiol Bernard ; Koenig Gaspard ; Langlois Denis ; Leperchey et M. & D. Bazire ; Pessis Céline ; Roger Jean-Marie ; Selosse Marc-André ;  Strullu-Derrien Christine ; Tassin Jacques ; Terre Vivante et la revue les quatre saisons ; Touyre Patricia;  Veragrow ; Hervé Brunon et Laurent Le Bon (dir.), Jardins, cat. exp., Paris, Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2017.  avec aussi la complicité de Marc Jeanson, botaniste ; Alice Freyet et Guy Chapouillé…

Pour la communication et l'information notamment :
Les Abattoirs : programmation d'art contemporain des Abattoirs, Musée - FRAC OCCITANIE TOULOUSE en région Occitanie de mars à décembre 2024, double page Cahors, Humus miraculum.
https://www.lesabattoirs.org/Expositions/humus-miraculum/


Petit lexique[1] de l’humus

Humus
Substance issue de la transformation de la matière organique, dans le sol ou dans le tas de compost. C’est l’humus qui donne à la terre du jardin sa couleur noire, sa consistance légère et grumeleuse.

Compost
C’est ce qu’obtient le jardinier lorsqu’il fait fermenter des matières organiques fraîches en les disposant en tas (ou en couche sur le sol à fertiliser). Ce sont les micro-organismes et les vers de terre qui sont les principaux agents de cette transformation en humus. 

Terreau 
C’est du compost très mûr, c’est-à-dire assez « vieux ». Le terreau est composé d’éléments fins de couleur noirâtre ; il ressemble à de la terre légère.

Matière organique
Pour le jardinier et l’agriculteur, c’est tout ce qui est issu des êtres vivants et qui peut retourner au sol : feuilles, paille, herbes, épluchures, fumier, compost, terreau, tourbe, humus, etc. La teneur des sols en matière organique est variable : autour de 5% dans un jardin.

Micro-organismes
Ce terme désigne tous les êtres vivants visibles seulement au microscope (bactéries, champignons microscopiques, etc.) Ceux-ci sont très nombreux dans le sol et dans les tas de composts ; ils jouent un rôle très important dans la fertilité (en fabriquant l’humus, par exemple).

Les quatre saisons : 
Premier magazine à se revendiquer “0 phyto” dès 1980, les 4 saisons est aujourd’hui le magazine référent du jardinage bio.
Des experts du jardinage, des essais menés dans les jardins du Centre Terre vivante et des échanges constants avec ses lecteurs, lui permettent de donner les meilleurs conseils pratiques au potager, au verger et au jardin d’ornement.
Et parce que la quête d’autonomie ne se limite pas au potager, il s’intéresse à toute l’écologie pratique : permaculture, habitat, alimentation, santé, alternatives…
In : https://www.terrevivante.org/contenu/le-magazine-les-4-saisons/
[1] In : revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel n°1, mars-avril 1980, Editions Terre Vivante, Paris, p.63


EXTRAITS  de « L’intime de l’humus » HERVÉ BRUNON
In : MAQ_RMN_CAT_JARDINS_BLOC_v70.indd 59
Ou file:///C:/Users/rosel/Downloads/essai%20HBrunon3_2017-02-02%20(1).pdf


« S’amorce un processus d’apprentissage, au cours duquel on s’aperçoit « qu’il faut donner à la terre plus qu’on ne lui prend ». Alors, poursuit Capek, « vous serez transporté d’enthousiasme devant un humus bien noir, vous triturerez avec amour le mol humus de feuilles qui tapisse les forêts, vous soupèserez la lourde terre à gazon ainsi que la tourbe légère[1]». En somme, commente l’historien de la littérature Robert Harrison, « jardiner, c’est se donner les moyens de comprendre les efforts déployés par la vie pour s’enraciner dans une argile hostile et réfractaire[2] »

« La bêche se réfère à la fonction primordiale de l’homme, faire fructifier la terre. ¶ Cependant, l’usage de cet outil se verra remis en question à la fin du XXe siècle par de nouvelles connaissances du sol. En effet, les scientifiques ont peu à peu mis en évidence sa composante vivante et l’emploi du microscope a permis d’étudier les invertébrés et micro-organismes produisant l’humus, auparavant considéré comme une matière chimique inerte. En 1875, les travaux de Jean-Jacques Théodore Schloesing et Charles Achille Müntz sur la nitrification orientent dans cette direction les recherches d’un domaine en cours de constitution autonome, la pédologie[3], et l’agronomie connaît un virage biologique. Six ans plus tard, Darwin publie son dernier ouvrage, consacré au rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale, montrant qu’ils n’ont pas un rôle nuisible, comme on le pensait antérieurement, mais bien essentiel[4]. Cependant, l’essor de l’agrochimie et de la mécanisation conduit à oublier le rôle positif de l’humus sur la fertilité ; l’emploi des engrais de synthèse se généralise après la Seconde Guerre mondiale. Le développement d’une écologie des sols aboutit à la prise de conscience, un siècle plus tard, de la nécessité de ne pas bouleverser l’équilibre fragile de ces milieux vivants[5], et donc de procéder à d’autres pratiques de préparation et d’entretien du terrain. C’est ainsi qu’André Grelin fait breveter en 1963 un nouvel outil, la grelinette, qui permet d’ameublir et d’aérer la terre, pour faciliter le développement racinaire des plantes, sans la retourner, contrairement à la bêche, afin de ne pas renverser la distribution entre micro-organismes aérobies, ayant besoin d’oxygène et se situant en surface, et les anaérobies, ne pouvant vivre qu’à l’abri de l’air et proliférant dans les couches inférieures. Apparue dans les années 1950 aux États-Unis, la technique du paillage (ou mulch) consiste à recouvrir le sol de matériaux organiques ou minéraux, pour ne pas laisser la terre à nu comme dans les environnements naturels. Aujourd’hui, tandis que certains, tels Claude et Lydia Bourguignon en France, militent pour une agriculture enfin respectueuse des sols épuisés par la surproduction[6], les manuels se multiplient pour exposer les meilleures manières de soigner ceux des jardins[7]. »

________________________________________
[1] Čapek, L’Année du jardinier, op. cit., p. 114-115.
[2] Robert Harrison, Jardins. Réflexions sur la condition humaine, trad. Florence Naugrette, Paris, Le Pommier, 2007, p. 47.
[3] Voir Boulaine, Histoire des pédologues, op. cit., p. 88 sq.
[4] Voir Charles Darwin, Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale (1881), trad. M. Levêque, Paris, C. Reinwald, 1882.
[5] Sur l’état actuel des connaissances, voir Jean-Michel Gobat, Michel Aragno et Willy Matthey, Le Sol vivant. Bases de pédologie. Biologie des sols (1998), Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2003.
[6] Voir Claude Bourguignon, Le Sol, la terre et les champs (1989), Paris, Sang de la terre, 2002. Parmi la bibliographie de plus en plus importante sur le sujet, voir aussi Frédéric Dhenez, Cessons de ruiner nos sols ! Paris, Flammarion, 2014.
[7] Voir par exemple Rémy Bachet et Blaise Leclerc, Une bonne terre pour un beau jardin : paillage, engrais vert, grelinette, Mens, Terre vivante, 2009.
                                                       

In : Laurent Le Bon (dir.), Jardins, cat. exp., Paris, Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2017.

Humus et compost
Maurice Leperchey, yvetotais

Le compost parfait et idéal de Maurice Leperchey
 
Il doit la réussite de son produit final (BIOTERO) à un subtil mélange de fumier de cheval d'un club hippique à Mont-Saint-Aignan avec des brisures d'écorce de pin sylvestre ou pin maritime (pin des Landes) ce qui explique le port du béret basque pour ceux qui l'ont bien connu.
Récupérant le fumier de cheval, Maurice Leperchey le préférait au fumier de vaches (fumier froid) soignées aux antibiotiques et porteuses de familles de bactéries. Il aimait dire " C'est Pasteur qui m’a aidé à découvrir l'intérêt du fumier de cheval ». Il avait fait le constat que les bactéries cassaient les molécules nécessaires à la vie des plantes. Il disait encore que "si le sol est fécond, avec un bon équilibre carbone-azote, les plantes finissent par s'immuniser contre les maladies et n'ont pas de pucerons".
Le secret d’un bon compostage de ces éléments transformés en plusieurs étapes jusqu'au « produit » prêt à l'emploi, résidait à répartir en tas linéaires de deux mètres de largeur, sur un mètre cinquante de hauteur, de manière à favoriser une bonne fermentation.
La réussite tint à l'idée d'aérer et de brasser ces tas mis en andains pour faciliter le compostage.
Effectivement, il fallait de l’oxygène (principe du compostage en aérobie) et de l'humidité, il fallait remuer les petits tas contrairement à d’autres procédés de fermentation anaérobie des résidus. Les andains étaient remués et aérés par soulèvement à l’aide d’engins de levage. En cas de sécheresse, l’arrosage des andains étaient nécessaire afin de maintenir l'humidité propice à la mise en température.
L'objectif de ce processus était la recherche d’une bonne « combustion » pouvant atteindre presque quatre-vingt degrés afin d’éliminer, parasites, bactéries. Pour ce faire, les tas étaient soulevés, aérés, humidifiés si besoin, régulièrement jusqu'à la phase finale du broyage. Cette ultime étape permettait d'affiner le produit final avant un passage éventuel au crible.
Le produit fini, le compost était friable, il avait une couleur brunâtre et dégageait la seule odeur subtile d'humus de sous-bois.
De 1973 à 1989, ses différents composts étaient destinés aux pelouses d’exception, aux greens des golfs d’Octeville, de Belgique, d’Erquy jusqu’à ceux de la Riviera comme celui de Cannes. Clients fidèles. Ces apports de qualité permettaient aussi de les employer pour couvrir le sol, après carottage de terrain de sport.
Si l’activité des greens fut un succès, celle-ci gagna en diffusion par la qualité remarquable du produit.
Le produit BIOTERO est une fumure biologique à l’ancienne, fruit d’une longue phase d’expérimentation menée par l’homme au béret basque. Il fut soutenu par sa seconde épouse Anne-Marie et efficacement ensuite par sa fille Martine et plus tard par son gendre Daniel. Son concept fut récompensé à plusieurs reprises. Entre autres, l’entreprise a reçu en 2001 l’ECO-Trophée pour son avancée dans le cadre du « développement durable » lancé par le Parc des Boucles de la Seine Normande. La société BIOTERO reçu la somme de 15000 francs. 
La reconnaissance enfin !
BIOTERO devint une marque déposée mais Maurice, le « rebelle » n’a jamais voulu déposer un brevet.
La fumure biologique à base de fumier de cheval était appréciée par les jardiniers de la Ville de Paris et utilisée dans les espaces verts de plusieurs arrondissements de la capitale, entre-autre, aux pieds des rosiers des jardins de Bagatelle, des arbustes du square Georges Brassens ou de l’hôpital Henri Mondor comme dans le superbe jardin de la Fondation Claude Monet à Giverny.
A la fin de sa vie, Maurice Leperchey encore valide, n’aura de cesse d’améliorer la « grelinette » avec l’accord de son inventeur Mr Grelin. La « fourche à bêcher » qui sert à aérer la terre de son jardin sans la retourner. Retourner la terre, pour Maurice était une grave erreur. Il utilisait la « houe maraichère » pour désherber et préparer la terre avant de la cultiver.
Sa devise fut de prôner l’écologie, dispensant souvent à bon nombre de clients, des conseils judicieux pour rester en bonne santé, en se nourrissant sainement à partir de ce que la nature nous offre, sans arrière-pensée démagogique ou politique comme le décrit l’article paru dans GMD information en 1982.
Au fil de sa production il incorpora des compléments naturels aux matières premières, bases de ses composts, comme des algues marines, des déchets végétaux, du sable, de la terre de bruyère, des écorces de pin, de la corne broyée, des minéraux, pour obtenir des fumures équilibrées de qualité supérieure, but atteint dès 1989, après vingt-cinq années d’effort et de ténacité.
Je crois qu’il est certain que ses idées lui survivront ce qui est avéré à l’instar de l’Hora de Pierre Rabhi, ardéchois d’adoption, né en 1938 en Algérie, essayiste, romancier, agriculteur et fondateur du mouvement Colibris (agro écologie).
En 2003, Le rouennais pure souche s’est éteint à l’âge de 96 ans.
Extrait de l’article biographique que j'ai rédigé avec les membres de sa famille en 2020
Maurice Leperchey 1907-2003, un Yvetotais défenseur précurseur de l'écologie.
 
  


 
Dans la fin de sa vie, encore valide il améliora la « grelinette » qui sert à aérer la terre de son jardin sans bêcher. Il utilisait un autre engin à roue pour désherber naturellement.
Crédit photo M. & D. Bazire

Humus et compost
Maurice Leperchey, yvetotais

Un artisan de l’humus[1]
Maurice Leperchey
Par-dessus la haie
 
« En plein cœur du pays de Caux, à Yvetot (Seine-Maritime), c’est un jardinier pas comme les autres que nous avons rencontré.
De l’école d’Horticulture de Versailles à son métier actuel de fabricant d’amendements organiques, l’itinéraire de Maurice Leperchey a été celui d’un amoureux de la terre. Il a consacré toute sa vie au jardin – le sien et celui des autres.
« Jardinier et producteur d’humus », voilà quelle pourrait être sa carte de visite.
Quand on arrive chez lui, il est impossible de se tromper : les immenses tas de terreau et de fumier se voient de loin, derrière la haie d’ifs proprement taillés. 
A soixante-douze ans, Maurice Leperchey ne pense pas encore à la retraite. Pourquoi abandonnerait-il ce chantier artisanal où, visiblement, il est à l’aise comme un poisson dans l’eau ?
M. Leperchey : j’ai fait à peu près tous les métiers touchant à l’horticulture avant de trouver ma véritable vocation : la transformation des déchets organiques en humus. Vocation tardive, car c’est à soixante ans que j’ai cessé mon activité d’entrepreneur de jardins pour me consacrer au compostage !
Les Quatre saisons : Vous êtes en quelque sorte un « récupérateur » de matière organique ?
M.L : Il faut croire que l’endroit était prédestiné, car mes deux voisins sont eux aussi des récupérateurs, dans la ferraille et le chiffon.
Moi, ce qui m’intéresse, c’est tout ce qui est organique et qui finit habituellement dans les décharges ou dans les chaudières : écorces, son de moutarde, déchets de lin, de papeterie, etc. Je traite aussi de grandes quantités de fumier, de la tourbe et même des boues de lavage de betteraves. 
Mon travail consiste à broyer tout cela, à faire de savants mélanges, et à aider la nature à fabriquer un produit utilisable par l’horticulteur et le jardinier.
L.Q.S. : Quels sont les mélanges qui font du bon terreau ?
M.L. : Je fais surtout des mélanges fumier + écorce de pin sylvestre et fumier (de cheval) + son de moutarde.
L.Q.S. : La moutarde n’est-elle pas un peu trop …forte pour les plantes ?
M.L. : J’ai essayé d’en répandre directement de l’herbe.  Le résultat a été excellent. De toute façon, lors du compostage qui dure plusieurs semaines, les substances irritantes du son de moutarde disparaissent.
L.Q.S. : N’y a -t-il pas des risques de pollution lorsque vous utilisez des sous-produits de l’industrie ?
M.L. : Effectivement, j’ai eu un « coup dur » il y a quelques années avec des matériaux issus de l’industrie du lin. Il y avait trop de bore dedans, ce qui a provoqué des « brûlures » de la végétation. Depuis, j’ai appris à être prudent !
 L.Q.S. : Quel est le secret d’un bon compostage ?
M.L. : Il faut tout d’abord choisir une matière première de composition bien équilibrée. Le broyage est très important pour rendre le produit homogène.
Ensuite, il faut faire attention à l’humidité. Dans nos régions où il pleut souvent, les tas sont fréquemment gorgés d’eau et la fermentation a du mal à démarrer. Si tout se passe bien, la température dépasse les 50°C., preuve que les micro-organismes sont actifs. J’incorpore de la chaux, de la magnésie ou des phosphates naturels à mes matériaux de base. Cela neutralise un éventuel excès d’acidité.
L.Q.S. : Et votre jardin ?
M.L. : Vous vous doutez bien qu’il est le premier servi en compost. D’ailleurs, voyez les résidus d’écorce qui couvrent le sol.
Une chose est certaine : les plantes sensibles aux pucerons, comme les artichauds, les capucines, les rosiers, ne subissent jamais une attaque chez moi. Je pense que le compost aide au sol à trouver son équilibre ; la plante est mieux nourrie donc elle résiste mieux.
Le seul problème grave que j’ai, c’est le ver de la carotte. Je vais essayer un produit naturel dérivé de la résine de pin. 
J’ai essayé de cultiver des légumes directement dans le compost. Bien sûr, ce n’est pas à la portée de tous les jardiniers, mais j’ai pu constater que pendant au moins deux ans il est inutile d’apporter un engrais complémentaire.
Le tour du propriétaire étant terminé, j’accompagne Maurice Leperchey à l’intérieur de sa petite maison. En entrant, je remarque de curieux bacs pleins d’eau.
M.L. : Non, ce ne sont pas des aquariums ! ce sont mes radiateurs à moi. Ils pompent la chaleur dans le circuit d’eau qui circule sous les tas de compost. C’st économique, car la seule dépense – faible – provient de la consommation des pompes électriques. C’est une variante du chauffage « à eau froide » qu’on appelle aussi pompe à chaleur.
Ecologiste tranquille mais efficace. C’est l’impression que donne Maurice Leperchey. A une époque où l’on parle de « biomasse », de « pétrole vert », de valorisation des déchets agricoles, il est rassurant de voir quelqu’un qui depuis ans quinze est passé à la pratique. Encore trop rares sont ceux dont la mission est de remettre sur la bonne voie certains déchets organiques qui autrement seraient perdus – voire même polluants. Cette bonne voie, c’est celle du retour au sol après transformation en humus.
  
________________________________________
[1] In : revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel n°1, mars-avril 1980, Editions Terre Vivante, Paris, p.51 et p. 63.

 

 

 
Crédit photo M. & D. Bazire

 

Denis Langlois, 


 "Le jardin biologique du manoir du Fay, Yvetot"
  Humus, compost


       
Le manoir du Fay et son jardin biologique, Denis Langlois, Robert Tougard, autoédition A.N.E.T.H., Manoir du Fay à Yvetot, fin des années 1990.
les premiers instants de la vie de la renaissance du jardin clos pour devenir un jardin biologique avec l'A.N.E.T.H. au début des années 1990 ( archives de Denis Langlois)
 


  
Le jardin biologique pris en 1996 par Pascal Levaillant

 


 
Le succès de la production végétale dépend de la présence d’un sol vivant. En effet, un sol fertile est peuplé de milliards d’êtres vivants : bactéries, champignons, algues, lichens, acariens, mille-pattes, vers de terre et d’innombrables autres êtres vivants.
Tous remplissent une fonction précise dans le cycle de la nature. 
Les êtres vivants dans le sol remplissent encore une importante fonction de stockage ; ils empêchent le lessivage des éléments nutritifs excédentaires libérés par la dégradation de la matière organique et l’altération des roches, en les emmagasinant dans leur corps jusqu’à leur mort et leur propre décomposition. Leurs besoins sont donc étroitement liés à ceux de la végétation, c’est un perpétuel échange. Plus ils sont prospères : plus grande est la réserve d’éléments nutritifs à la disposition des plantes et plus fertile est le sol.
On trouve parmi les plus gros habitants du sol : 
Les lombrics ou vers de terre, ils digèrent les végétaux morts de la terre, ils aèrent également le sol grâce à leurs galeries. Toutes les espèces de vers de terre exigent un sol régulièrement humide et beaucoup de matière organique. Les engrais chimiques, facilement solubles leur nuisent et les chassent. Utilisez donc un bon compost, compost signifie engrais composé et désigne un fertilisant à base de fumier, feuille, paille, résidus de récolte, tonte de gazon, déchets de cuisine et d’autres matières organiques déchiquetées, mélangées et mises en tas.
Le compostage n’est au fond rien d’autre qu’un élevage de micro-organismes qui trouve dans le compost des conditions idéales de chaleur, humidité et alimentation pour une multiplication rapide.
Pour bien réussir son compost les bactéries ont absolument besoin de matières organiques riches en azote pour se multiplier et échauffer le compost à 60° C minimum.
Le fumier convient très bien à cet usage et devrait entrer pour environ un cinquième dans la composition du tas. Ce tas doit avoir un certain volume pour bien composter, au minimum 1 m2 à la base sur 1 m de hauteur environ. Vous pourrez ajouter l’activateur de compost biologique qui permet d’améliorer et d’accélérer efficacement le processus de maturation du substrat. Le produit naturel est à la base de micro-organismes spécifiques à bactéries, levures et enzymes. Il existe un autre moyen d’apporter au sol de la matière organique, c’est l’engrais vert. Il consiste à semer sur une surface hors culture une espèce produisant beaucoup de racines. Dès qu’on a de nouveau besoin du terrain, on coupe cette végétation.          
Les racines restent au sol, se décomposent et nourrissent les bactéries puis les plantes. 
Si votre sol est pauvre en azote la vesce (légumineuse) l’enrichira naturellement en fixant l’azote de l’atmosphère.
Votre terrain est en friche avec beaucoup de chiendent : semez du sarrasin.
Vous désirez protéger votre sol des rigueurs de l’hiver : semez en octobre de la moutarde, vous n’aurez pas à vous soucier du broyage car les basses températures des mois d’hiver feront le travail à votre place, il vous suffira de travailler votre terre au mois de mars.
La moutarde blanche est appelée ainsi à cause de la couleur de ses graines, cependant ses fleurs sont jaunes d’or. Semée au début de l’automne, elle protégera votre planche des rigueurs de l’hiver et facilitera l’aération du sol au printemps. Dose du semis : 20 grammes pour 10 m2.
La vesce produit beaucoup de matières organiques, elle fixe l’azote de l’air qu’elle restitue au sol après l’enfouissement. Elle aime les sols lourds et permet d’améliorer sensiblement leur structure, les rendant ainsi plus faciles à travailler. Dose semis : 100 grammes pour 10 m2.
Le sarrasin est idéal en terre pauvre et acide, sur des planches qui restent inoccupées pendant tout l’été. Il permet de nettoyer le sol après défrichement en étouffant les plantes indésirables. Très mellifères, cet engrais vert favorise aussi la présence de nombreux insectes utiles au jardin. Dose de semis : 70 grammes pour 10 m2.
On complètera avec des amendements naturels. On en trouve toute une série convenant à la culture biologique. Ils contiennent des composés organiques ou minéraux peu solubles :
•    Le guano[2] du Pérou, engrais complet 100% naturel, récolté sur les rivages des côtes péruviennes. Il est très riche en éléments fertilisants moyens à action rapide.
•    La corne broyée[3], engrais avec un effet fertilisant beaucoup plus prolongé dans le temps.
•    La corne torréfiée[4], engrais azoté naturel. Son action est progressive et durable, sans risque de brûlure pour les racines.
•    Le basalte[5], exceptionnellement riche en magnésium, très riche en oligo-éléments et en silice, le basalte facilite l’absorption par les plantes des éléments nutritifs présents dans le sol.
•    Le lithothamnium[6] est un produit naturellement riche en calcium, magnésium et autres oligo-éléments. Il rétablit les équilibres biologiques, chimiques et physiques du sol en augmentant l’activité microbienne. Il renferme la résistance des plantes aux maladies.
En été, à l’époque de la plus forte croissance, les jus d’herbes rendent de bons services. On fait macérer dans un récipient rempli d’eau un sac plein d’herbes fertilisantes jusqu’à ce qu’on obtienne un jus brunâtre. Avant on le dilue pour lui donner la couleur d’un thé.
•    Le jus d’ortie produit un précieux engrais foliaire, évite les pucerons, évite le mildiou.
•    La grande consoude fournit aussi un excellent engrais ainsi que la camomille. Pour neutralise l’odeur nauséabonde, ajouter de la poudre d’os[7] ou de roche.
 
On peut se faire une idée sur la nature d’un sol par sa flore, voici quelques exemples :
Laiteron : terre fraîche et argilo-calcaire
Coquelicot, trèfle blanc, moutarde : sol à tendance calcaire
Plantain, prêle : terre lourde, acide et humide
Bouton d’or, liseron, oseille sauvage, pâquerette : terre lourde, acide et souvent humide
Ravenelle : terre légère, manquant de phosphore assimilable
Chiendent : terre légère et siliceuse
Chardon : terre calcaire
Ortie : terre humifère
La terre neutre, ayant un pH égal à 7, convient à la plupart des plantes potagères, mais un sol ayant un pH compris entre 6,5 et 7 (légèrement acide et neutre) se prête aussi à leur culture. Pour corriger le pH d’une terre trop acide il est conseillé d’y faire des apports de lithothamme ; lorsqu’elle est calcaire (pH basique) par des apports réguliers de compost, de poudre de roches.
[2] Guano - In : Engrais coup de fouet. Engrais organique complet en provenance des Mers du Sud (oiseaux de mer). Utilisable en Agriculture Biologique. En savoir plus Référence : CPJA1259 EAN : 3252640012593 – https://agrifournitures.fr/engrais-bio-universels-jardin/9610-guano-marin-800g.html
[3] Corne broyée – In : https://fr.jardins-animes.com/corne-broyee-25kg                                         
[4] Corne torréfiée – in : https://www.planete-agrobio.com/produit/engrais-bio-corne-torrefiee-850g/
[5] Basalte – in : https://www.fermedesaintemarthe.com/basalte-volcanique-p-22219
[6] Lithothamnium - In : https://www.oogarden.com/prod-45583-lithothamne-algues-marines-800g.html
[7] Poudre d’os – in : https://www.graines-baumaux.fr/284016-poudre-d-os.html
 
Extrait  "les vers de terre", article de la Revue les quatre saisons n°3, juillet-août 1980

 

Bernard Boullard, 


« Vie intense et cachée du sol »
Essai de pédobiologie végétale, 1967
Collection la terre, Flammarion, Paris, 1967, p.7-21.
« Sous les pieds du promeneur, comme sous ceux du semeur, du vigneron, de l’arboriculteur, s’active là, jour et nuit, la foule laborieuse et grouillante des serviteurs microscopiques du monde entier. […].
Le sol dérive initialement de la roche qui en constitue la matrice. Cette partie est très stable. Mais s’il n’y avait que les phénomènes physicochimiques du monde inanimé cela ne conduirait pas loin. Fort heureusement des forces biologiques interviennent : aux matériaux inertes s’ajoutent des débris organiques, des glucides, des lipides, des protides, une foule de substances. Champignons, Bactéries, Algues, Lichens, Mousses etc., colonisent hardiment et élaborent ou dégradent. […]. »
A la surface du sol : la litière puis l’humus
« Pour beaucoup la litière n’a la valeur que d’un manteau triste et annonciateur des jours sombres et froids de l’hiver, manteau que le vent soulève et roule, tel un gigantesque mais invisible balai. Cette litière, sous-estimée par beaucoup, n’en retient pas moins l’attention de certains : collectée au râteau elle vient apporter son aide au jardinier préparant ses couches, éliminée ailleurs à la faveur des opérations d’étrépage elle libère le sol pour le culture ultérieure, réétalée à l’étable il lui arrive de reprendre du service sous les animaux. Mais c’est réellement le biologiste qui accorde leurs lettres de noblesse à ces « reliquats de frondaisons printanières et estivales ». Il y voit là le prodigieux travail de la dégradation s’amorcer et se poursuivre quelques centimètres plus bas. En effet, de la litière aux matériaux pratiquement encore intacts, on passe vers une zone où la « fermentation » active conduit au démantèlement complet, à la matière humifiée. Ces Quelques centimètres – à quelques décimètres – superficiels, reçoivent des pédologues la désignation d’horizon A0. La litière de feuilles mortes masque donc l’humus, ce « produit de la matière vivante et sa source » (cf Thaer et Waksman, 1936). Cette tache exaltante des ternes résidus se poursuit aussi bien dans l’intimité des pâtures, des marais, qu’au sein des forêts mystérieuses. Mais il est certain que, c’est là, sous la voûte de feuillage, que sa présence se manifeste avec le plus de générosité. Cette générosité n’avait pas échappé à E. Herriot (1925). A l’issue de sa description des strates végétales de la « Forêt Normande », n’écrivait-il pas : « Plus bas encore la forêt qui nous parait morte vit et travaille sous l’amoncellement des aiguilles et des fruits, des brindilles et des lambeaux d’écorce. C’est le vêtement, l’épiderme délicat et sensible qui protège le sol lui-même contre les excès de la chaleur ou du froid, amortit le choc de la pluie, retient les éléments nourrissants de l’air, abrite ce qu’il faut de vie animale pour ameublir cette terre où ne vient pas le laboureur. Ces feuilles que vous croyez inanimées travaillent pour l’arbre dont elles se sont séparées. Pa elles, par leur labeur mystérieux mais continu s’achève ce rythme qui fait de la forêt une harmonie, depuis les profondeurs du sol jusqu’à la cime de l’arbre le plus dominant. De haut en bas, de bas en haut, la vie monte et descend… »
Nous pourrions rapprocher de ces propos-là très juste sentence de Pochon et de Barjac (1958, p.21) : « La matière organique forme la différence essentielle qui sépare un sol productif proprement dit d’une simple masse de débris rocheux. »
La litière doit surtout son existence à la chute saisonnière des feuilles et des menus rameaux, en forêt, à la décomposition des pailles, chez les Céréales. Un bois de chêne peut supporter en plein été 10 tonnes de litière par hectare. L’apport automnal élève bientôt cette valeur de 3.5 tonnes environ. Mais les infatigables et discrets microorganismes entreprennent, de février en août, la destruction d’une partie de ce manteau déchiqueté et ramènent les 13,5 tonnes de la litière hivernale aux 10 tonnes de la litière estivale. Cet exemple, déjà nous incite à penser que la litière d’un sous-bois est quelque chose d’éminemment mouvant, qu’elle s’épaissit et se minimise, comme si le vent d’automne gonflait ce tapis moribond que les promeneurs printaniers plaqueraient à nouveau sur le sol. Ce « mécanisme compensateur » attribué aux germes dégradateurs de la litière se produit sous tous les climats, dans tous les bois, feuillus comme résineux, mais sa vitesse est variable. Ainsi la litière de résineux dure beaucoup plus longtemps que celle de feuillus. […] C’est à son caractère acide, aéré, riche en Champignons et, corrélativement, plus pauvre en Bactéries, que ce milieu doit la lenteur de sa dégradation. Par oppositions les litières qui se constituent sous les feuillus font figure de linceuls, épais souvent de quelques centimètres seulement. […]
Quittant un instant la forêt pour rejoindre les sols de Céréales nous devons remarquer que la décomposition des pailles (dont un aperçu de la décomposition moyenne […] est en général fort lente, freinée par la pauvreté du milieu en azote. […].
La vie dans la litière est extraordinairement intense. Selon Waksman un gramme de sol renfermerait 3 milliards de germes en surface, et 1,5 milliard à 10 cm de profondeur. […]
L’humus, matière organique complexe, résulte donc de la prodigieuse activité des microorganismes qui constituent la « microflore tellurique ». C’est grâce à eux que les constituants des Végétaux Supérieurs, ou plutôt de leurs cadavres, sont démantelés, simplifiés ou remodelés. 
Mille Bactéries peuvent participer à cette œuvre d’intérêt mondial aux côtés de centaines de Champignons (Aspergillus, Pénicillium, etc.) et, très certainement, d’Actinomycètes. Il s’agit là d’un travail gigantesque dont le chimisme intense « saute aux yeux » lorsque le tas de fumier « fume » dans la cour de la ferme, lorsque la couche du maraîcher ou le compost de l’horticulteur « chauffent ».
C’est une œuvre coopérative, que marquent de leur empreinte propre des groupements successifs de germes. […] Il serait malvenu de penser que l’opération de dégradation touche à son terme dans les plus brefs délais. C’est une oeuvre de longue haleine.  (…]  
La diversité des matériaux de départ, l’hétérogénéité du petit monde qui les prend en charge, tout contribue à justifier l’opinion de Pochon et de Barjac, des maîtres dès que l’on parle du Sol : « Il n’y a pas « un » humus, mais « des » humus » (1958, p. 521). »
 
  


Litière forestière, sapins de l'Aigle, épines et feuilles de chêne, Beaufai en Normandie, 2018.

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