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22 octobre 2024 2 22 /10 /octobre /2024 14:25

Les ifs multi séculaires du jardin du tribunal public d’Yvetot, étude réalisée par Pascal Levaillant en 2023 suite à ses recherches et la découverte de ce jardin clos et de ses ifs.

In : https://levaillant-pascal.over-blog.com/2023/02/les-ifs-du-jardin-de-l-ancien-tribunal-d-instance-d-yvetot.html

 

 

Louis Lapert dans ses notes préparatoires à un article - La rue du Couvent - publié dans le Courrier Cauchois du 21 janvier 1978, nous rapporte que le premier tribunal civil d'Yvetot date de 1800 jusqu'au milieu du 19e siècle. Il se tenait dans l'ancienne église des Bernardines, détruite par la suite.

 

 

Archives personnelles

Département de la Seine-Maritime : ADSM 76, FRAD076_012Fi_269_01

 

 

A cet endroit de l'ancien couvent se trouvait  jadis le seul puit yvetotais.

Qu'est-il devenu depuis?

 in :  Les paysans de la Normandie Orientale, étude géographique, Ed. Libraire Armand Colin, 1909, 

Sion décrit ce puits ainsi : 

"A Yvetot, le seul puits digne de ce nom, celui de la maison d'arrêt, atteint 100 mètres, et pourtant son débit est très faible" 

Ce puits a bien été foré au temps des "Bernardines" mentionné ci-dessus en 18 du plan du couvent.

Qu'est devenu ce seul puit yvetotais ? est-il situé derrière le mur d’enceinte et passé dans le domaine privé de ce quartier ?

 

L'ensemble des ifs du jardin du tribunal public, rue du Couvent à Yvetot.

Cet ensemble est ancien, patrimonial et historique car ces ifs auraient pu être plantés entre la période de l’incendie qui avait ravagé le centre du bourg d'Yvetot et la construction du Tribunal de Grande Instance d'Yvetot, voire même avant.

 

1647-1660 :  Les Bernardines de l’ordre des Cîteaux aménagent des jardins exceptionnels au sein de leur couvent.

 

Les Bernardines avaient des monastères dont un à Yvetot (1660) le prieuré Saint-Hyacinthe fondé par deux religieuses de Bival.

L’ouvrage Abbayes et prieurés de l’ancienne France[1] fait état du prieuré fondé en 1647 à Yvetot.

« Les Bernardines[2] : La rue du Couvent doit son nom au monastère installé à Yvetot en 1660. Les Bernardines sont des sœurs de l'ordre des Cîteaux, dont une figure tutélaire est Saint Bernard de Clairvaux. Le couvent est ravagé lors de l'incendie de 1688 et ferme ses portes en 1780. »

Un dessin de la fin du XVIIIème siècle dessine le monastère sans cloître, ses contours comme ses parterres.

Daniel-Odon Hurel[3] retrace les conditions d’installation à Yvetot. Dès 1647 l’implantation du prieuré est imaginée à Auffay mais sans que la raison soit connue, c’est à Yvetot que l’accord se conclut avec Charles du Bellay, prince d’Yvetot.

En 1658, le site se présente ainsi : « Le terrain n’est pas vide. Il contient une maison avec quelques bâtiments sur un terrain borné d’un côté par la rue d’Yvetot à Auzebosc, de l’autre par le presbytère, le marché et la grange de l’abbaye de Saint-Wandrille[4]. »

Dix années après l’acquisition : « A Yvetot, chez les cisterciennes comma dans la ville, il y a un avant 1688 et un après, l’année 1688 étant celle d’un incendie important qui ravage presque entièrement le monastère. A cette date, on connait mal la physionomie générale du monastère, puisqu’il est intégralement reconstruit dans les années 1690-1710.[…] Il s’agit tout d’abord, en 1682, de la construction d’un corps de logis, sans doute le bâtiment destiné à remplacer la maison des origines. […] L’année suivante est celle  d’un soulagement pour les moniales : « l’an 1683, le puis de céans a été achevé après deux ans de travail ». C’est le fameux puits d’une centaine de mètres que l’on a pu observer lors des sondages après la destruction de la prison, construit sur une bonne dizaine de mètres en gros appareil de pierres taillées, d’un diamètre de plus de 2 mètres et très comparable à celui de l’abbaye de Boscherville, lui aussi daté de 1680. Enfin, en 1685, tout le monastère est construit, y compris les dépendances. En 1688, « le 20 août, arriva l’incendie général du bourg d’Yvetot par laquelle cette maison fut entièrement détruite, toutes les religieuses furent obligées de se retirer pendant quelque temps dans la maison qui est hors le bourg ». Le récit de la reconstruction du monastère nous est connu, toujours par le  registre de délibérations capitulaires des moniales. Les bâtiments conventionnels sont séparés par un mur des bâtiments annexes et divers logements destinés aux chapelains. […] La suppression du monastère est prévue dès 1771.[…] Dès la fin de l’année 1781, les grilles des parloirs sont vendues ainsi que quelques pommiers et la grande porte du monastère.[…] Les bâtiments subissent donc très vite des transformations, avant même la Révolution. […] Il faut attendre les années 1850 pour qu’une nouvelle prison et un tribunal ne fassent disparaître le monastère définitivement. »

 

1680, Yvetot sous la proie des flammes pour la troisième fois.

« Durant l’hiver 1679-1680, un violent incendie avait ravagé une petite partie du bourg, conduisant le marquis d’Humières à publier une ordonnance visant à accroître les conditions de sécurité et d’hygiène dans la capitale de la principauté. Il interdisait d’user d’autres matériaux que la chaux, la pierre et la tuile pour construire et couvrir les maisons. De même il contraignait les possesseurs de cours ou de maisons établies en bordure de rue à paver un chemin de 6 pieds de large le long de leur propriété afin de tenir la voie en meilleur état de propreté.

Hélas, rapidement, ces obligations furent oubliées et les mauvaises habitudes reprirent le dessus : le chaume refit son apparition sur les toits et les rues, et les cours furent à nouveau encombrées de vestiges divers. »[5]

1688, Yvetot sous la proie des flammes pour la quatrième fois.

 Yvetot connut un incendie extrêmement dévastateur le 20 août 1688. Ce fut le quatrième incendie ravageur qui toucha le cœur de ville d’Yvetot après ceux de la fin du XVIème siècle pendant les guerres de Religion et celui de 1660.

« Après avoir pris naissance près du couvent des Bernardines, dans le voisinage du marché, le feu gagna les maisons bâties autour de l’église, puis la rue du château, le château lui-même. De nombreux tisserands sont les maisons furent détruites quittèrent Yvetot et se réfugièrent quelque temps dans les villages environnants. Les maisons seraient désormais construites à l’alignement, régulièrement, de chaque côté de rues largement ouvertes. On n’emploierait que la pierre, la brique et la tuile » [6]

Serge Couasnon relate également ce fait en apportant d’autres détails significatifs qui permettent de mieux comprendre l’évolution des recommandations, des reconstructions et des restaurations successives que l’on peut observer soit par les plans ou les illustrations d’époque.

« Aussi, lorsque le vendredi 20 août 1688, un incendie naquit vers huit heures du matin, près du couvent des Bernardines, dans le voisinage du marché, il se propagea rapidement aux maisons situées autour de l’église, du marché, à celles de la rue du château et au château lui-même, dont les combles furent dévorées par les flammes. A quinze heures, lorsque les habitants se rendirent maîtres du sinistre, le bourg d’Yvetot n’était plus qu’un tas de cendres fumantes. Tous les édifices publics, le presbytère, les cinq halles du marché, plus de 200 maisons, nombre de remises, granges, écuries, étables avaient été entièrement détruits. Le château et l’église avaient vu brûler leur toiture. »

 

« La prison et le tribunal de première instance prennent alors place dans les locaux. La chapelle fait office de salle d'audience mais, petit à petit, des bâtiments adéquats remplacent ceux des sœurs. La prison est détruite en 2000, laissant place à la résidence du Prieuré. Le tribunal est devenu l'Espace d'accès au droit et aux services publics du Plateau de Caux. »[7]

 

1800, un jardin au tribunal de Première Instance

« le 2 juin 1800  fut installé un tribunal de première instance sur ordre du préfet. Situé rue du Couvent, il fut installé dans les locaux du monastère de femmes de l’ordre de Cïteaux, fondé à Yvetot au milieu du XVIIe siècle. Il servit de prison et c’est aujourd’hui l’un des rares édifices anciens épargnés par la guerre et l’urbanisation du XXe siècle. [8]»

Ce nouvel ensemble architectural hébergeait en 2019 lors de ma visite  8 ifs, dont certains multi-centenaires.

A l'abri des regards, derrière la salle Tougard baptisée ainsi en 2011 en hommage à Robert Tougard, l'historien local fondateur du CEPC, cette cour quasi carrée a conservé ces beaux spécimens qui partagent la cour avec d'autres espèces.

L'ombre y est parfaite.

J'ai eu le plaisir de découvrir ce patrimoine déjà riche de près de 400 ifs sur l'ancien territoire de la principauté d'Yvetot dont près de 200 rien que sur la commune d’Yvetot.

Cette visite s'est déroulée le mardi 12 novembre 2019 à 11h00 en fin de matinée. Un agent de la Ville chargé de m'accueillir m'ouvert la porte de ce jardin du tribunal civil ce qui m'a permis d'admirer seul ce jardin insolite, singulier et remarquable que la plupart des yvetotais ne connaissent pas et ne lui connaissent pas ce potentiel.

 

Un jardin qui mériterait toujours une ouverture aux Journées Européennes du Patrimoine et un avenir serein

à l'invitation d'Emile Canu j’ai pu découvrir ce jardin secret de la Ville d'Yvetot.

 

[1] In : Abbayes et prieurés de l'Ancienne France Tome VII, Province ecclésiastique de Rouen RP Dom JM Besse, 1914, p. 77.

[2] In : "Yvetot. Au fil des patrimoines, p.32

[3] In : Bulletin de liaison du « Cercle d’Etudes  du Patrimoine Cauchois », la Gazette du patrimoine cauchois, n° 19 – 2ème Semestre 2002, p.2-15.

[4] AD 76, D 463 : acquisition du monastère (2 avril 1658).

[5] In : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005, p.74.

[6] In : Si Yvetot m’était conté… Textile et industries, Didier Clatot, Editions CARAVEL Création, 2016, p.5.

[7] In : ibidem 23

[8] In : Laurence Abensur-Hazan, Mémoire en images, Yvetot, Editions Alan Sutton, 2007, p.84

 

 

Le 12 novembre  2019 lors de ma visite de ce jardin secret

 

Le 12 novembre 2019 : îlot de 3 ifs 

Le 12 novembre 2019, autre îlot de 5 ifs

Une visite comme si vous y étiez 

 

 

 

 

Citerne ou fameux puit?

 

 

Fers à cheval, porte bonheur!

un beau mur d'enceinte en silex

la biodiversité au pied des ifs

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec l'aimable autorisation de la ville d'Yvetot en 2021 pour son fond de carte

POUR RAPPEL

 

l'if apparait dans la liste rouge des espèces menacées

La Liste rouge des espèces menacées constitue un état des lieux visant à dresser un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces à l’échelle d’un territoire donné. Elle permet de mesurer le risque de disparition d’une région des espèces de la flore, de la fonge et de la faune qui s’y reproduisent en milieu naturel ou qui y sont régulièrement présentes. Selon la méthodologie de l’UICN, chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l’une des 11 catégories de la Liste rouge en fonction de son risque de disparition de la région considérée. 
Taxus baccata L., 1753- If à baies ( Français )

http://uicn.fr/wp-content/uploads/2018/04/guide-pratique-listes-rouges-regionales-especes-menacees.pdf
Liste rouge de la Flore vasculaire de Haute-Normandie (2015) (listé Taxus baccata L.
listé LC, préoccupation mineure
 

L'Union européenne considère maintenant ses peuplements comme habitat prioritaires.
(Directive 21 mai 1992 du conseil européen, N° L 206/7 du JO 22.7.92 et version consolidée de 2017)

En France, l’if fait l'objet d'une réglementation pouvant interdire « le ramassage ou la récolte et la cession [...] de ces végétaux »14.

  1. Arrêté [archive] du 13 octobre 1989 relatif à la liste des espèces végétales sauvages pouvant faire l'objet d'une réglementation préfectorale permanente ou temporaire

in: http://fr.wikipedia.org/wiki/If_commun#:~:text=L'if%20commun%20(ou%20if,parfois%20appel%C3%A9%20if%20%C3%A0%20baies.


- à lire également le rôle de l'if
http://manche.observatoiredesarbres.fr/SPASSDATA/ALGEDIM/QOKQWR/D471/D47176.pdf

 

 

 à lire également le rôle de l'if  :

 

- Jacques Brosse, les arbres de France, Histoire ret légendes, Omnia Poche, 2017, p. 99-102

- Robert Bourdu, l’if, Actes Sud, 1997. Livre dans lequel il fait référence à la toponymie d’Yvetot lié à l’if, p. 52.

 

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